Une société chambardée : un peuple voué à l’errance

Publié le par D.Tahir

Dans l’espace d’un demi-siècle, les Marocains ont assisté à deux régimes différents, et quelle différence ?

 

Tout commence le jour de l’accession du feu Hassan II au trône. Il faut reconnaître que la responsabilité était lourde, plusieurs chantiers étaient ouverts, d’autres devraient s’ouvrir. La course d’accès au pouvoir avait commencé, une grande partie des intellectuelles, qui prétendaient être à l’origine de l’indépendance, voulaient leur part du gâteau. Bref, il était vraiment très difficile de succéder à Mohammed 5. Le Roi a plébiscité pour un régime autoritaire, afin de prendre les choses en main. A ce conflit d’intérêt, s’ajoute la situation dramatique du Maroc, qui a eu la malchance de voir son territoire  divisé en trois. Ceci est dit qu’après la libération du territoire qui était sous l’occupation française ; Le Roi du Maroc avait une lourde tâche, négocier avec les Espagnoles, qui étaient hostiles à l’idée de la décolonisation, pour libérer le Sahara marocaine, puis,  enlever le statut international de la ville de Tanger. Donc, il a fallu se battre pour l’unicité et la souveraineté du Maroc. La clé de voûte du gouvernement était de fermer  l’œil sur la situation sociale et déployer les efforts nécessaires pour tisser de bonnes relations avec l’extérieur. Face à un peuple qui a pris connaissance de ses droits, la répression a constitué une cure efficace aux yeux des gens au pouvoir. Malheureusement, on a trop serré l’emmaillotement.

L’accession du Prince héritier Mohammed 6 au pouvoir a constitué un tournant pour la société marocaine. Le nouveau roi a commencé à fasciner la population, plus précisément la classe populaire, par ces actions, ces engagements et ces ambitions. C’est un véritable engouement. Après une quarantaine d’année avec un emmaillotement trop serré, on l’a enlevé. Le constat est mélancolique, la majorité du peuple n’est plus en mesure de suivre le développement socio-économique. Pire encore, elle a trouvé son être dans le loisir, et dans la recherche d’une manne financière dans les plus brefs délais, à travers le montage des affaires louches. Peut être, il fallait le desserrer petit à petit, voire même prévoir une rééducation. Car celui qui était emmailloté ne savait plus utiliser ces membres!

Côté gouvernance, les gouvernements de l’ère Mohammed 6 montrent une grande détermination à développer un Maroc fort économiquement (Tant pis pour le social), qui pourra intégrer la mondialisation économique, et en profiter à son tour. Le roi, quant à lui, continue son combat pour le développement social, ses actions et ses discours en ont le meilleur exemple. Nous sommes entrain d’assister à l’essaimage d’une société en trois colonies : le Roi, le Gouvernement et le peuple.

Toutefois il faut l’avouer, le hiatus entre le développement économique et le développement social est très inquiétant à l’heure actuelle. Le premier est plus rapide que le deuxième, le premier se fait au détriment du deuxième, le premier profite à une certaine classe sociale, les plus aisés.

N’oublions pas qu’un tel contexte a été derrière l’apparition des mouvements extrémistes, tel que le fascisme.  Dans le cas du Maroc, la société est chambardée, et le peuple est voué à l’errance.

Publié dans Méli-Mélo

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M
Exactement ce que j'ai perçu en allant à Marrakech-Essaouira la semaine dernière. Très perspicace sur la situation néocoloniale du pays. Un regard eclairant, pour mieux comprendre. Bismillah !
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